Quel parent n’a jamais été paniqué à l’idée de voir son enfant perdre son doudou ? Vous sentez très vite la catastrophe arriver ! Et que dire du moment où vous lui demandez de poser son doudou pour passer à table ? Mauvaise idée. Entre hurlements, larmes et regards accusateurs, c’est un peu comme si vous veniez de commettre une trahison impardonnable. Mais pourquoi cette petite peluche (ou ce bout de tissu) est- elle si précieuse à votre enfant ? Derrière cet attachement parfois obsessionnel se cache en réalité un processus tout à fait normal, voire essentiel, pour son développement. Plongeons ensemble dans le monde fascinant de ce compagnon inséparable !

Un petit objet pour un grand rôle !

L’objet transitionnel communément appelé “doudou” ou “nounours” est la première possession “non- moi” de l’enfant. C’est le premier pas de la dépendance absolue vers l’indépendance relative à sa figure d’attachement. En d’autres termes, vous êtes, parents, la figure d’attachement primaire de votre enfant et ce doudou va lui permettre de prendre une certaine indépendance émotionnelle. Mais elle est reste relative car il a toujours besoin de vous, rassurez-vous !

On le trouve souvent sous forme de peluche ou tissu tout doux mais il peut également être une poupée plus rigide ou même une partie du corps (le pouce par exemple).

Comme son nom l'indique, il sert de transition entre la figure d’attachement et le lieu d’accueil où l’enfant se retrouve “seul”. Il permet à l’enfant de se calmer, de gérer le stress de la séparation ou d'appréhender une émotion forte grâce à son odeur, sa texture ou son apparence.

Pour toutes ces raisons, un doudou ne doit que rarement être lavé. Et nous le savons, parfois il est difficile de ne pas le faire tant il a bien vécu.

Doudou en libre-service : un repère rassurant

A la crèche, c’est l’enfant qui choisit la place de son doudou, il peut le voir et y accéder sans avoir besoin de demander de l’aide à un adulte. Qu’il le laisse dans la dinette, sur le tapis ou sur un meuble, il arrivera à le retrouver lorsqu’il en ressentira le besoin.

Pour l’aider à s’en séparer de temps en temps, notamment lors des activités, nous proposons aux enfants de poser leur doudou dans lieu sûr ou, si c’est encore trop dur pour lui de s’en séparer, cet objet trouvera une place sur une chaise dans la pièce.

Nous avons tendance à proposer le doudou lors d’une crise de colère ou de tristesse ou à l’heure de la sieste mais l’enfant veut parfois aussi partager des moments de joie avec ce qu’il a de plus précieux après sa figure d’attachement.

Certains enfants plus grands utilisent aussi leur doudou lors de l’acquisition de la propreté, “si doudou va sur le pot alors moi aussi je peux le faire”. De même, si l’enfant s’amuse à faire glisser son doudou du haut du toboggan, c’est aussi sans doute pour observer ce qui lui arrive, et gagner en courage avant d’affronter la pente.

La vie de doudou à la crèche : un fidèle compagnon

Avant d’arriver à la crèche, votre enfant n’a peut-être jamais utilisé de doudou et n’en a montré ni l’envie ni le besoin. Même si sa chambre est remplie de peluches, il a toujours joué avec ses autres jouets.

Mais votre enfant arrive ici dans un tout nouvel endroit dans lequel il passera de longues journées remplies d'événements et d'émotions. À la maison papa et maman sont là pour partager tout ça avec lui ; à la crèche, le doudou prend cette place.

Souvent pour les plus petits nous demandons un t-shirt d’un des parents portant l’odeur de ce dernier lors des premières semaines car bien souvent, ils n’ont pas encore vraiment choisi de peluche.

Contrairement aux jouets de la crèche, le doudou ne se partage pas à moins que la demande vienne de l’enfant. L’enfant en est l’unique propriétaire et peut décider s’il le partage ou non. Une fois à l’extérieur de son cocon, c’est à dire la maison, le doudou est l’objet le plus précieux pour l’enfant. Il en a la toute-puissance, ce qui renforce donc leur lien d’attachement.

Pour répondre à la question du titre de cet article, j’aimerais conclure sur une citation de Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste ayant inventé le terme d’objet transitionnel qui nous dit que : “le bébé est dans l’illusion d’avoir créé l’objet non-lui nécessaire à sa survie” (Jeu et réalité, 1971).

Car oui, le doudou est bien plus qu’un simple bout de tissu : c’est un super-héros du quotidien, un remède anti-chagrin et un confident hors pair. Il accompagne l’enfant dans ses aventures et l’aide à apprivoiser le monde qui l’entoure. Alors, la prochaine fois que vous retrouverez ce cher doudou dans la machine à laver par accident (ou sous un meuble après une disparition mystérieuse), souvenez-vous qu’il n’est pas qu’un jouet… c’est un véritable pilier émotionnel !

Camille Yoka – Animatrice petite enfance

Mars 2025

Crédit Photos Unsplash - Kelly Sikkema