Dès 4 mois, la diversification alimentaire peut débuter pour votre enfant. Il passe d’une alimentation exclusivement composée de biberons à de la purée de carottes (miam). Tout se passe bien au début puis petit à petit il commence à préférer la carotte au brocoli ou le chou-fleur aux haricots. Ou alors, tout cela s’est bien déroulé mais depuis le passage aux morceaux rien ne va plus, votre enfant a déjà l’air de préférer certains aliments à d’autres. Fait-il déjà des caprices? Choisit-il déjà ce qu’il veut manger?
On n’en parle pas souvent mais cette situation est plus fréquente qu’on ne pourrait l’imaginer. Certains enfants n’auront jamais de problème pour manger, tandis que pour d’autres, il faudra essayer de trouver des astuces pour qu’ils acceptent de goûter leur plat.
Bébé in utéro, déjà critique culinaire
On pourrait croire que les goûts se développent en grandissant et qu’au début, il faut simplement s’habituer aux saveurs et aux textures des nouveaux aliments. Cela n’est que partiellement vrai, car selon une étude du CNRS, lors des repas de la maman, le bébé nourri par le cordon ombilical peut réagir différemment en fonction de ce que mange sa mère. Ces réactions peuvent se manifester par la succion, la déglutition ou même l’expression faciale.
Le fœtus, assez tôt pendant la grossesse, perçoit certaines odeurs et certains goûts. En effet, ces deux sens commencent à se développer de manière significative vers la fin du premier trimestre. Peu à peu, il va développer des préférences alimentaires en buvant plus ou moins de liquide amniotique. Une alimentation diversifiée pendant la grossesse permet au fœtus de découvrir plusieurs saveurs dès ses premières expériences sensorielles : il perçoit alors le sucré, le salé, l’amer et l’acide.
Les goûts et les couleurs
Je me souviens du témoignage d’une maman dans l’émission Les Maternelles qui racontait que son enfant avait du mal à manger ses repas et ne voulait que "des frites, des chips, des nuggets, du pain et des gâteaux". Voyez-vous le point commun entre tous ces aliments ? Et si je vous disais que c’est une couleur ? Eh oui, cet enfant avait pris l’habitude de ne manger que des aliments jaunes.
Loin d’être un cas unique, la couleur joue un rôle crucial dans l’appétence que peuvent avoir les aliments. Beaucoup d’adultes, par exemple, n’aiment pas les légumes verts. Pourquoi ? Cela tient en partie à leur odeur : les petits pois, le brocoli ou les choux dégagent souvent des senteurs fortes lors de la cuisson. Par ailleurs, la couleur verte est associée à la santé et au bien-être, mais l’être humain, par instinct de survie, est naturellement attiré en priorité par les aliments gras et sucrés. Or, ces derniers sont majoritairement jaunes.
Le rôle des aliments // côté nutrition
Chaque catégorie d’aliments joue un rôle essentiel dans le maintien de notre équilibre et, par conséquent, dans notre survie.
Commencer un repas par un aliment sucré peut ouvrir l’appétit. Cependant, le fait de présenter les aliments sucrés en fin de repas, ou comme une récompense avec des phrases comme “tu auras ton dessert seulement si tu manges tes légumes”, amène l’enfant à associer les aliments sucrés à une gratification. Petit à petit, dans l’esprit de l’enfant, les légumes ou les protéines perdent de leur valeur face au dessert. Pourtant, commencer par une compote ne signifie pas que l’enfant refusera de manger le reste du repas. Un enfant mange lorsqu’il a faim : il régule naturellement la quantité de chaque aliment consommé et compense un éventuel manque lors du repas suivant.
Comme l’explique le site Naitre et grandir :
“Les bons gras aident le corps à bien utiliser les vitamines, notamment la vitamine D, qui est essentielle à l’absorption du calcium. Les gras donnent aussi de l’énergie, en plus de participer à la croissance de l’enfant, à la construction de son cerveau, au bon fonctionnement de ses yeux et de son système immunitaire, à la protection de ses organes internes (cœur, reins, foie, etc.) et à la bonne santé de sa peau.”
Astuces
N’ayez pas peur de laisser votre enfant manger avec les mains. Vers l’âge de 2 ans, certains enfants traversent une étape appelée la néophobie, qui se manifeste par la peur des nouveaux aliments. Le fait de manger avec les mains permet à l’enfant de découvrir la texture d’un aliment avant de le mettre en bouche, ce qui aide son cerveau à se rassurer.
Il est conseillé de présenter un aliment en très petite quantité (toujours cuisiné de la même manière) à plusieurs reprises. Selon des nutritionnistes, il faut parfois attendre jusqu’à la 10ᵉ tentative pour que l’enfant accepte de goûter.
Vous pouvez également partager le même repas que lui dans votre assiette. Si vous mangez la même chose, il se sentira plus en confiance. Les enfants apprennent énormément par mimétisme et imitent volontiers les comportements alimentaires de leurs parents.
Camille Yoka – Accompagnante éducative chez Païdou
Novembre 2024
Crédit photo : Tanaphong Toochinda sur Unsplash